ÉCOLE FLAMANDE DU XVIIe SIÈCLE, ATELIER DE Pierre BRUEGHEL l - Lot 29

ÉCOLE FLAMANDE DU XVIIe SIÈCLE, ATELIER DE Pierre BRUEGHEL le jeune Le Paiement de la dîme Panneau transposé sur un panneau parqueté Hauteur : 77 cm, Largeur : 123,5 cm. Sans cadre. (Restaurations anciennes). Provenance : - Probablement vente M. Haas, ministre plénipotentiaire, Paris (Mes Rochoux et Delbergue), 12-14 novembre 1860 ; - Vente anonyme, Paris, Palais Galliera, 8 décembre 1964, n° 71 (attribué à Pieter II Brueghel, toile, transposée et restaurée, 75 x 120 cm, 6 000 fr) ; - Vente anonyme, Londres, Sotheby's, 20 avril 1988, n° 50 (Pierre Brueghel III, panneau transposé sur toile, 76 x 123 cm) ; - Acquis chez Galerie Crouzet, 1988 (Pierre III Brueghel). Bibliographie : G. Marlier, Pierre Brueghel le Jeune, Bruxelles, 1969, page 439, n° 32 ; K. Ertz, Pieter Brueghel der Jüngere (1564-1637/38), Die Gemälde mit kritischem Oeuvrekatalog, Band I, Lingen, 1998/2000, p. 516, F. 536, reproduit (75 x 120 cm, transposé de panneau sur toile. Pourrait être une oeuvre d'atelier). Pieter Brueghel II, aîné de Pierre Breughel le vieux dit l'Ancien, est le frère de Jan Breughel, dit de velours. Orphelins assez jeunes, les enfants sont recueillis à Anvers, par leur grand-mère Mayken Verhulst, elle-même peintre de miniatures et veuve de Pieter Coecke van Aelst. Plus tard, l'artiste complète sa formation chez le paysagiste Gillis van Coninxloo. Il est reçu à la Guilde de Saint-Luc d'Anvers, mentionné comme maître indépendant dans le registre des années 1584-1585. On dénombre une trentaine de versions autographes, signées ou non, de cette célèbre composition de Pierre Breughel II, peintes entre 1609 et 1621. Le traitement du sujet connaît une légère évolution à partir de 1618. La première série montre le personnage le plus à gauche avec des manches grises ou claires et se retrouve sur les oeuvres avant 1617. Après cette date, on observe qu' un drap sombre vient couvrir le mur du fond et le personnage de gauche voit ses manches devenir rouges. Intitulé "Le Paiement de la dîme", ou parfois "L'Avocat des paysans", le sujet du tableau fait l'objet de nombreux débats. Pourtant, le personnage principal, derrière le bureau, toujours représenté avec un menton proéminent porte un calot ecclésiastique qui l'identifie à un homme d'église. Il vient donc certainement collecter la dîme, un impôt qui sert à construire des églises, à publier les Écritures et d'une façon plus générale à faire oeuvre missionnaire. Cet impôt, instauré par les Carolingiens, était payé par tout le peuple mais les populations les plus pauvres peinaient à s'acquitter d'une taxe jugée trop lourde et injuste. Le collecteur est secondé dans sa tâche par un homme debout à sa gauche et un greffier affairé à scribouiller derrière un comptoir, de l'autre côté de la pièce, participe à la scène. A sa droite, un autre consulte le calendrier affiché au mur. Les autres protagonistes sont des paysans : ils sont quatre au premier plan, dont l'un attend le panier d'oeufs et les présents que sa femme tire d' une hotte. A gauche, un homme se glisse, hésitant, par la porte entrebâillée derrière celui qui se tient timidement debout, à l'entrée. Le désordre et l'amas de papiers règnent dans la pièce. C'est donc probablement à une critique de l'occupation espagnole que se livre Brueghel; le collecteur d'impôts, avec son front proéminent et son menton fuyant accuse une ressemblance nette avec les Habsbourg (Philippe II en particulier, mort en 1598) dont la domination sur la Flandre s'étend de 1556 à 1713. Les paysans, timides et apeurés, subissent le dictat de l'occupant et viennent, penauds, s'acquitter de l'impôt avec leurs seules richesses, poulets, oeufs, raisins. Certains historiens avancent la possibilité que le peintre se serait inspiré d'un prototype du peintre parisien Nicolas Baullery bien qu'aucun original de ce type n'ait jusqu'ici étayé cette hypothèse.